Le vermicompostage
Qu’est-ce que le vermicompostage ?
Le vermicompostage, ou lombricompostage, est un processus naturel par lequel les matières biodégradables sont converties, grâce à l’action de vers de compost, en un amendement riche: le compost. Le vermicompostage est une technique particulière du compostage individuel, adaptée à l’absence de jardin.
Ce dérivé du compostage vous permettra d’appliquer les gestes éco-citoyens en valorisant et en réduisant de manière significative vos déchets organiques de cuisine. Mais cela vous permet également d’obtenir du compost (qui est un amendement organique à texture fine, très riche en nutriments) et un engrais liquide (appelé percolat) qui nourrissent et renforcent vos plantes d’appartement.
Comment choisir sa vermicompostière ?
Le choix de la vermicompostière se fera en fonction de la taille de votre ménage, de votre consommation personnelle et de l’espace disponible.
Plusieurs types de vermicompostières sont commercialisés. On trouve des modèles monobacs, à bacs empilables ou encore horizontaux. Le système le plus pratique reste le système à bacs empilables. En effet, la récolte du compost et du percolat est aisé, c’est un système qui fonctionne en continu et la gestion de la vermicompostière est facilement contrôlée. De plus, une fabrication « artisanale » est tout à fait possible. Cela vous sera beaucoup moins onéreux et vous pourrez la personnaliser et l’adapter en fonction de vos besoins.
Afin de fabriquer au mieux votre vermicompostière, il est important de prévoir :
- Un couvercle opaque (les vers sont sensibles à la lumière) et étanche (pour protéger de la pluie et maintenir une bonne humidité).
- Une bonne aération (en créant des ouvertures latérales d’aération).
- Un bon système d’écoulement (pour une récolte facile du percolat).
- Un bac plus large que haut (pour l’aération).
Le plastique est le matériau à favoriser pour la fabrication d’une vermicompostière. En effet, il ne se détériore pas, est solide, facile à entretenir et à nettoyer. Néanmoins, préférez des plastiques opaques car, rappelons-le, les vers n’apprécient pas la luminosité.
Récupérez ou achetez 2-3-4 bacs empilables et perforez le fond d’une vingtaine de trous d’un diamètre de 6 à 8 mm. Le bac du fond restera, quant à lui, tel quel car il est destiné à la récolte du percolat. Superposez-les selon vos besoins avec un maximum de 4 car au-delà, cela devient lourd.
On peut également percer quelques trous d’aération sur le dessus des parois latérales et les recouvrir d’une fine toile de moustiquaire.
Où placer sa vermicompostière?
Le vermicompostage peut se dérouler dans une cuisine, un balcon, une cave, sur une terrasse, ou dans un garage sans occasionner de désagrément puisque le système prend peu de place et est inodore.
Tous ces endroits sont valables, néanmoins, certains lieux favorisent son bon fonctionnement et aident à sa gestion :
- Choisir un endroit pas trop éloigné de la cuisine (pour vous éviter des trajets trop longs).
- La température doit se situer entre 15 et 25°C.
- L’endroit doit avoir une bonne aération.
- Les vermicompostières mises dehors doivent être protégées des rayons directs du soleil en été (abris) et du gel en hiver (paille, papier journal,…).
Mise en route, fonctionnement et gestion de la vermicompostière
Ce système prévoit 3 à 4 bacs qui s’empilent l’un dans l’autre. Le bac du fond, qui n’est pas perforé, recueille le percolat. Les bacs supérieurs, qui s’empilent au-dessus de celui-ci, ont leur fond perforé de trous qui permettent le drainage et la migration des vers. La mise en route se fait dans le bac inférieur (celui juste au dessus du bac du fond). Lorsque le bac inférieur est plein (après quelques semaines ou quelques mois), on commence un deuxième bac en l’empilant au-dessus du premier.
Attention! II ne faut pas enlever trop vite le bac inférieur. Les vers doivent avoir le temps de migrer vers le bac supérieur. II est donc utile d’attendre que le bac supérieur soit rempli et en phase de décomposition pour enlever le bac inférieur. S’il reste encore trop de vers dans ce bac et trop de déchets à décomposer, on peut le mettre de côté avec un couvercle et attendre quelques semaines que tous les déchets soient bien décomposés.
Ensuite, on le remet au-dessus de la vermicompostière pour enlever le compost et permettre aux vers restants de réintégrer la vermicompostière.
Mise en route et gestion des vers
Le système ne sera efficace que si les vers rencontrent des conditions de vie optimum à leur développement. Si les paramètres de température, d’humidité et d’aération évoqués plus bas sont importants, le facteur temps doit également être pris en considération. Pour qu’une vermicompostière devienne vraiment efficace, une période de 2 à 3 mois est nécessaire.
La mise en route de la vermicompostière se fera toujours par une couche de litière au dessus du fond perforé permettant la récolte du percolat. Cette litière est composée de compost mi-mûr contenant des vers mais également d’autres organismes utiles (bactéries,…). Ce compost est déposé en couche de quelques litres (au min. 4-5 cm) et constitue la litière de base. Introduire, sur cette couche, une fine couche (quelques cm) de déchets de cuisine découpés en petits morceaux (de max. 5 cm de long).
Ne plus alimenter la vermicompostière pendant quelques semaines (au min 3 semaines) afin de laisser aux vers le temps de s’adapter à leur nouveau milieu et au processus de se mettre en route.
La faute la plus couramment commise est de vouloir alimenter trop vite et en trop grosse quantité la vermicompostière. L’ajout de déchets, qui se fera après les quelques semaines de repos recommandées lors de la mise en route, devra donc être progressif. Le système n’atteint en effet sa capacité maximale de fonctionnement qu’après deux-trois mois et les vers doivent avoir le temps de se multiplier en nombre suffisant et de s’habituer à leur nouveau milieu.
II faudra également, par la suite, accepter qu’à certains moments la quantité de vos déchets de cuisine soit plus grande que celle qui peut être traitée par votre vermicompostière.
Quels sont les vers à mettre dans ma vermicompostière ?
Il existe dans la nature beaucoup d’espèces de vers de terre. Seulement l’une d’entre elles est réellement efficace pour être mise dans la compostière. Le ver communément appelé « ver de terre » ne convient pas pour le vermicompostage. En effet, ce ver a pour but de labourer et aérer le sol, ce qui implique qu’il vit généralement à plus de 20cm de profondeur, ce qui n’est pas envisageable dans une vermicompostière.
Par contre, les vers de compost (plus communément appelé « ver de fumier ») sont des vers de surface qui se trouvent à maximum 10 cm et se nourrissent principalement de matières en cours de décomposition. Leur faible profondeur d’action les soumet à une forte prédation, de ce fait, ils se reproduisent très vite. L’eisenia foetida se distingue par sa couleur rouge tigré de gris ou de jaune.
Les vers de compost sont voraces, ils mangent l’équivalent de leur poids par jour !
Ils se reproduisent également beaucoup, un ver peut avoir une famille de 500 descendants en un an !
Où se procurer des vers pour sa vermicompostière ?
Le moyen le plus économique et le plus simple de se procurer des vers est de se rendre chez quelqu’un qui composte déjà (en bac, en fût, en tas ou même dans une vermicompostière).
Les guides composteurs seront également ravi de vous donner quelques vers et par la même occasion quelques conseils pour vous lancer.
Les paramètres importants pour réussir
Ce sont des paramètres vitaux pour vos vers :
1. La température
La température idéale doit se situer entre 15 et 25°C. C’est dans cette fourchette que les vers seront les plus actifs (tant pour la reproduction que pour l’alimentation). En dessous de 10°C, il est préconisé d’arrêter d’alimenter les vers car leur activité va énormément diminuer. Des températures inférieures à 5°C et supérieures à 30°C sont mortelles pour les vers (voir : « où placer sa vermicompostière »).
2. L’humidité
L’humidité est un facteur très important, il doit y en avoir ni trop ni trop peu. Un excès d’humidité aura pour effet de chasser l’oxygène et créera des mauvaises odeurs. Par contre, trop peu d’humidité condamnera vos vers. Il faut donc toujours veiller à un bon écoulement du percolat dans son bac de récolte. Normalement, un apport d’eau ne doit pas se faire car les déchets de cuisines en contiennent déjà 80%.
3. L’aération
L’insuffisance voir l’absence d’air a pour effet de créer une fermentation « anaérobie » (sans air) des déchets. Dans le même schéma qu’un excès d’humidité, cela entrainera des mauvaises odeurs mais également une acidification du milieu qui va entrainer un mal-être chez les vers.
D’autres facteurs influencent le bien-être des vers :
- L’absence de lumière,
- L’absence de bruit,
- L’acidité du milieu (veillez à ne pas acidifier le milieu),
- L’absence de vibrations.
Quels sont les déchets qui peuvent être compostés ?
La vermicompostière est essentiellement prévue pour être alimentée par des déchets de cuisine.
Matières compostables
- fruits et légumes (de préférence non cuits et coupés en morceaux de max. 5 cm).
- Les agrumes et les épluchures de pommes de terre (décomposition plus lente).
- Marc de café (avec filtre) et sachets de thé.
- Fleurs fanées et leurs tiges (coupés en petits morceaux).
- Papier essuie-tout.
- Serviettes en papier (non coloré).
- Cartons (coupés en petits morceaux)
Matières non compostables
- Restes de viande et de poisson et de repas cuits ou frits
- Litières de chats et de chiens
- Matières grasses comme de l’huile ou des sauces
- Papiers glacés et papiers imprimés en couleur
- Pain et restes de pâtisseries
- Grosses quantités d’un seul déchet ou gros morceaux durs (ex : trognons de chou)
Les produits du vermicompostage
Le vermicompostage permet d’obtenir deux produits de qualité: le compost et le percolat.
Le compost
Le compost obtenu est d’une qualité supérieure au compost classique, car le compost est uniquement réalisé par les vers. Le vermicompost est riche en éléments nutritifs pour les végétaux (azote, phosphore, potassium, calcium et magnésium) et en oligo-éléments : cuivre, fer, manganèse, zinc…). Il améliore l’aération, le drainage et la structure du sol. II peut donc être utilisé pour le rempotage de plantes d’intérieur ou pour les semis (½ compost, ½ terre).
Le percolat
Le percolat est un engrais liquide très riche en éléments minéraux et organiques. Il est excellent pour les plantes d’appartement, il doit toutefois être dilué 10 fois car il est trop concentré.